CHRYS ♦ donne-moi ta main et je t'emmène au paradis.

Je commencerais bien par vous raconter ma naissance. Je pense qu'il vaut mieux commencer par le début. Et, donc, ce 30 août 1988, ce fut une course contre-la-montre qui s'annonça. Alors que mes parents faisaient une baby-shower en mon honneur, ma mère perdit les eaux. Sur ce fait, il fallut renvoyer tous les invités chez eux et mes parents, laissant la maison aux parents de celle-ci, s'en alla en hâte à l'hôpital de la ville. Elle fut acceptée de suite en salle de travail puisque selon les infirmières, je pointais déjà un petit bout de ma tête. Je voulais donc sortir très vite et découvrir le monde extérieur. Pourtant, ce fut au bout de deux heures, que l'on put déclarer ma naissance. Mais tout ne fut pas si beau. Je ne poussai pas mes cris de suite. Alors que mes parents s'inquiétèrent, la sage femme me secoua un peu pour me faire réagir. Durant quelques minutes, j'avais fait peur à mes parents mais, tout redevint normal lorsque mon premier cri fut poussé. Et croyez-moi, ce fut loin d'être le dernier. Ils avaient déjà trouvé mon petit nom. Chrystelle Blythe Garnett, mais ne m'appelez jamais Chrystelle, je préfère Chrys, ce fut comme ça que j'allais m'appeler durant mes soixante prochaines années. Mes parents me désiraient depuis cinq ans, et après de multiples tentatives, ma mère me donna la vie. Pour eux, très religieux, c'était un vrai cadeau du ciel. Seulement Dieu n'avait pas fait les choses à moitié et la journée n'était pas terminée pour ma pauvre maman. Elle n'était pas enceinte d'un bébé, donc moi, mais bien de deux bébés. Elle en était complètement sur depuis quatre mois déjà. Ce fut donc dix minutes plus tard que Dagobert Garnett prit place dans ce magnifique monde. Il m'avait fallu deux heures pour venir au monde, alors que pour mon frère, elle n'avait eu besoin que d'une heure. Je pense que c'est depuis ce jour que ma mère me rappelle souvent que je suis la plus casse-cou des deux. Ce ne fut qu'au bout de deux heures et après tous les soins, que nous pouvions enfin voir maman et papa. Un moment magique pour deux jeunes gens qui attendaient ce miracle. Le bonheur se lisait à livre ouvert dans notre famille. Mais, le bonheur, le bonheur se n'est pas éternel, n'est ce pas ? Moi, je l'ai compris quelques années plus tard.

Nous étions, ce qu'on appelle, des enfants privilégiés. Nous n'avons jamais manqué de rien, nos parents ayant pas mal d'argent. Mais nous n'avions pas grandis avec toutes les nouveautés dans nos chambres. Mes parents, trop croyants, enfin surtout ma mère, ne trouvait pas utile tout ce qui était télévision, ordinateur, portable. Tout ce qui était important pour elle, était de bien se comporter et d'aller aux messes chaque dimanche matin. C'est peut-être, car nous n'étions pas du tout proches de la religion que nous nous sommes rebellés au fil des années. Depuis notre enfance, nous profitons pas réellement de notre argent et quand j'étais encore petite, je me rappelle que je faisais déjà des caprices pour telle ou telle chose mais maman ne cédait jamais et me disait que si je continuais, Dieu me punirait. En grandissant, Dagobert et moi nous entendions extrêmement bien, contrairement à ce que j'avais pu penser autrefois. Tout nous rapprochais, nous étions comme les cinq doigts de la main, même si nous n'étions que deux. Nous avions grandi avec tout ce que nous voulions jusqu'à ce jour d'octobre.

Nous n'avions que douze ans. Mais, rien qu'à voir le visage de ma mère, j'avais déjà tout compris. Maman venait de nous réveiller pour aller à l'école, il devait être environ 7h20. Papa partait toujours tôt de la maison, il commençait le travail bien avant nous, donc cela ne nous étonna pas de ne pas le voir. Jusqu'à ce que maman remarque un mot sur la table de salon juste avant notre prière. Elle le parcouru des yeux et se laissa tomber sur le canapé. Je récupéra le papier qui avait échappé des mains de maman, et le lit consciencieusement. Alors, il avait décidé de tout plaquer, de nous abandonner. Il était parti comme un lâche, en laissant maman dans le désarroi. Mon père avait décidé de rassembler toutes ses affaires et de s'en aller comme un voleur durant la nuit. Pour la première fois de ma vie, je laissa échapper une larme que remarqua ma mère. Elle me prit dans ses bras, j'avais comme l'impression que le bonheur n'existait pas, qu'il n'était qu'une façade. Papa avait pêché et pour une fois, j'espérais que Dieu le punirait. Nous n'avions pas fait notre prière ce jour-là, ni les autres jours qui suivit d'ailleurs.

Maman ▬ Promet-moi de ne rien dire à ton frère pour l'instant, je lui en parlerais. J'ai peur de sa réaction.
Chrys ▬ Mais, il va le remarquer, il demandera après lui et ce sera bien pire s'il l'apprend plus tard. Tu connais son caractère maman, il est capable de tout. Pourquoi il a fait ça maman ? Il ne nous aime pas alors ?
Maman ▬ Promet-moi mon ange s'il te plait. Bien sûr, qu'il vous aime, il a même laissé de l'argent pour que je puisses vous élever correctement. Et il va demander pardon à Dieu.

Alors selon mon père, tout s'achetait même l'amour. Sur ce coup-là, il se trompait, car jamais, oh non jamais plus, je n'aurais de l'amour pour lui. Il venait de mettre fin à un beau rêve et la réalité faisait trop mal pour ne pas lui en vouloir. J'avais promis à ma mère de ne rien dire à Dagobert, mais j'avais bien raison, lui qui était si proche de notre père, s'inquiètait de ne pas le voir rentrer le soir venu. Ma mère lui donna des excuses baffouillées, mais quand les soirs suivants, il n'était toujours pas là, elle lui avoua donc qu'il était parti et que c'était la vie. Mon frère, très impulsif, avait cassé plusieurs bibelots et remis en question la religion devant maman. Je m'en rappelle du visage de maman, qui s'inquiètait pour son fils. Nous avons passés des semaines à l'attendre, à se demander s'il reviendrait, mais rien, aucun résultat, il était parti et avait emporté mon amour pour lui avec.

En parlant d'amour, tout le monde est déjà tombé, au moins une seule fois, amoureux et tout le monde a déjà souffert au moins une seule fois aussi. Et bam, je ne suis pas passé à côté moi. J'avais quatorze ans et pensait avoir rencontré le gars de mes rêves, celui qui envahissait mes pensées. Mais, ce fut tellement dur de le conquérir, lui qui ne posait même pas un regard sur moi. Selon lui, je n'étais pas à sa hauteur et j'étais même un peu trop proche d'autres gars qu'il détestait.

Chrys ▬ Sors avec moi Edward s'il te plait, tu sais que je t'aime.
Edward ▬ Tu es si pathétique Chrystelle de me supplier pour que je sorte avec toi.
Chrys ▬ Mais pourquoi tu veux pas ? Je suis belle et puis toutes les garçons veulent sortir avec moi.
Edward ▬ Je ne suis pas tous les gars, Chrystelle.

Voilà comment tous les jours, il me remballait. C'est vrai que face à lui, j'étais vraiment minable mais c'est ce que me faisait l'amour que je ressentais pour lui. Ce fut seulement un an plus tard que nous sortîmes ensemble. Cela faisait un an que je le courtisais mais impossible de sortir avec lui. Je n'osais pas lui dire tout simplement le "je t'aime" tant attendu donc il ne voulait pas sortir avec moi. Il n'était pas sur de mes sentiments et préférait en restait là. Mais, un an après, me rendant compte de l'amour que j'avais réellement pour Edward et dû fait que je ne pouvais l'oublier, j'avais donc pris enfin les devants et je lui avais donc déclaré ma flamme. Ce fut un long discours que j'avais parcouru en long et en large et je ne lui avais pas laissé le temps pour qu'il réponde à ma sérénade que je l'embrassais déjà. Un des plus beaux moments de ma vie puisque ce fut le jour où ce magnifique garçon au doux prénom d'Edward devint mon petit copain.

Mais, un an plus tard ce fut le drame. Après avoir passé notre première nuit ensemble, Edward décida de rompre. La raison, je ne l'ai pas comprise immédiatement, mais par la suite, j'ai appris qu'il voulait juste me dépuceler avant ses amis. J'ai appris aussi qu'il devait déménager, et que dans ces cas-là, il était sûr que je ne ressortirais jamais avec lui. Moi, qui était tellement amoureuse et différente d'aujourd'hui, décida de changer totalement de caractère et de ne plus jamais me faire avoir. J'ai pris donc un malin plaisir à être celle qui dépucelait les gars, ou encore celle qui quitte mais qu'on ne quitte jamais. Je suis devenue une fille facile, comme certains disent. Je suis assez fière de ma réputation et avec mon charme, j'arrive à emballer énormément de garçons et cela depuis mes dix-sept ans.

Puis vient mes dix-huit ans et une décision de ma mère qui vint me casser en deux. Elle avait décidé de me marier avec le fils d'une de ses amies. C'est vrai, il était beau, il était charmant et vraiment gentil mais il n'était en aucun cas celui que je voulais. Puis, j'étais jeune et je préférais m'amuser, sortir en boîte, plutôt que de me retrouver cloîtrée chez moi avec un homme idôlatrant Dieu et adorant les soirées jeux de société. Dans quel pétrin m'avait mise ma mère, je n'osais même pas l'imaginer. Mais quand ma mère décide de quelque chose, vous ne pouvez en aucun cas, vous mettre en travers de son choix. Je me voyais déjà vieille mémére à ne sortir jamais et à foutre ma vie en l'air. Cet homme ne rêvait que d'une chose, construire une famille et avoir plein d'enfants. Nan, mais franchement, je ne me voyais pas du tout avec plein de marmots sur les bras alors que je n'avais que dix-huit ans. La poisse m'était tombée dessus et je sentais déjà de longues années de tristesse me poursuivre.

Quatres ans ont passés et ma vie a quelques peu changée. J'ai dû faire face à des déceptions, des pleurs, des joies et des décisions qui ont dicté ma vie. Les déceptions viennent le plus souvent de mes amis, enfin anciens amis maintenant et d'une certaine personne de ma famille. Vous vous demandez de qui je parle, peut-être. Niveau boulot, je suis heureuse. Je travaille actuellement à l'hôpital autour d'enfants et de bébés, car je suis pédiatre, et assez bonne dans ma spécialité d'ailleurs. Et l'amour dans tout cela me diriez-vous. J'ai tenu bon trois ans avec cet homme que ma mère m'avait forçé à aimer. En fait, au fil des mois, j'avais appris à l'apprécier puis à l'aimer. On était devenu un vrai petit couple, et je lui faisais vraiment confiance. Jusqu'à ce que je le retrouve dans un lit avec une autre femme et que j'apprenne que cette dernière était sa maîtresse depuis des mois durant. Quel bon religieux était-il ! Ca s'est passé, il y a un an et j'ai de suite demandé le divorce. Cela fait un an que la procédure est lancée et donc bientôt terminée. Mais même toujours officiellement mariée, j'ai décidé de m'amuser et de ne plus me prendre la tête avec les garçons. Ils sont tellement lâches parfois ceux-là, j'ai appris qu'ils n'assumaient jamais leurs actes. Tout comme mon père qui, il y a deux mois, a voulu reprendre contact avec moi, comme si tout ce qu'il avait entraîné avec sa fuite n'avait pas compté pour moi. Donc, je me suis fait une promesse, celle de ne plus tomber amoureuse aussi vite, et de mettre du temps avant de faire confiance à un homme pour ne pas qu'il me fasse souffrir lui aussi. Le seul homme qui m'est resté fidèle fut mon frère, qui ne m'a jamais lâché.