je t'ai manqué ? non ? ♦ dawn

© PSYCHOZEE & CRISTALLINE

DAWN & LIAM
JE T'AI MANQUÉ ? NON ?

Se racheter une conduite, cela n'avait plus aucun sens pour Liam. Il n'avait plus aucune raison de rendre son avenir plus certain. Il n'avait plus aucune raison de devenir un autre, celui qu'il n'était pas. Il n'était pas celui qui aidait son prochain. Il n'était pas celui qui accumulait les bonnes actions car les BA, très peu pour lui. Il n'avait pas sa place au paradis. Mais il s'en moquait totalement et pour preuve, il sombrait volontairement dans ses addictions. Il massacrait sa vie sous des litres et des litres d'alcool. En dehors de l'alcool, il n'était pas non plus un bon exemple. Il collectionnait autant les bastons que les conquêtes. Il se retrouvait de temps en temps chez les condés pour des querelles et les femmes n'étaient qu'un passe-temps pour lui, rien d'autre. Que restait-il de bon en Liam ? De la raison ? Non. Des remords ? Non. Il n'avait plus rien de bon en lui. Même pas une once de bonne conscience ? Pas le moins du monde. Rien, rien de bon ne se baladait en lui. Une ordure. Sans scrupule, il s'attaquait aux personnes les plus innocentes, les plus faibles, les plus crédules. Quel plaisir pour lui de pouvoir abuser simplement et malhonnêtement de la bonté des autres. Mais quel salaud ! Oui, vous pouvez le dire. Un beau salaud de la pire espèce même. Néanmoins, il n'était pas la pire ordure au monde. Certes, il n'avait aucune morale, aucun principe ou peut-être un ou deux mais rien de bien extraordinaire. Il n'écoutait pas sa conscience, mais en avait-il une ? Non, certainement pas. Un cœur peut-être ? Oui, entièrement explosé dans sa poitrine. Il ne se conduisait pas comme un salaud, il l'était nuance. Manipulateur, il lui arrivait de tomber sur plus rusé que lui, mais il n'était pas dupe et ne se laissait pas avoir ou du moins il le faisait croire, le temps de trouver une solution. Mais il n'aimait pas perdre son temps pour rien, alors il abandonnait sous la contrainte, en tentant quand même d'en soutirer un maximum. Mais depuis la disparition de sa sœur, ses anciens démons l'avaient laissé ou presque. Il n'était pas totalement racheté de ses erreurs et ses mauvaises habitudes le tentaient sans cesse. Car les bonnes résolutions n'étaient pas pour lui, du moins elle n'avaient pas le temps de s'installer que ses anciens démons les expulsaient sans un remord. Liam n'était pas un bon exemple, ni même une bonne fréquentation. Un vaurien dites-vous ? Oui, mais aussi un alcoolique notoire et un mec sans avenir.

Pour l'heure, Liam faisait deux ou trois achats. Rien de bien extraordinaire, il traînait avec des packs de bières dans les mains. Mais alors qu'il s'orientait vers la caisse où lambinait une charmante blonde, il croisa une autre demoiselle toute aussi charmante mais loin de lui être inconnue… Non, il ne rêvait pas. Il la reconnaîtrait entre mille, même… Quinze ans après ? Oui. Il ruina leur histoire avec des mots. Par ces mots, leur histoire rima avec abandon, l'abandon d'un lâche. Il n'avait rien de l'homme modèle. Il n'avait rien de tendre en lui. Liam l'accosta donc, la bouche en cœur en lui barrant la route. Il se contenta de la scruter du coin de l'œil sans aucune retenue, installant une distance raisonnable entre eux. « Dawn… Ça date. » En prime d'être impardonnable pour son acte, il ne se rachetait pas avec une parole comme celle-ci. Il lui parlait comme si de rien n'était. Comme si son abandon n'était rien d'important. Ses deux phrases n'étaient pas si anodines qu'elles semblaient l'être pour des personnes extérieures aux histoires des deux anciens tourtereaux. « Mais dis moi, aux dernières nouvelles t'étais pas enceinte ?… T'as pris la bonne décision, au moins ? Je veux dire celle d'avorter. » Oui, encore une fois ses paroles étaient dures, presque démunies d'altruisme. Il ne calculait pas l'impact de ses dires. Il ne pensait pas aux conséquences de ses actes, ni aux répercussions de ses paroles. Ses propos blessaient certaines personnes. Ses paroles étaient aussi coupantes qu'une lame.

" Le passé, voilà le véritable enfer,
on n'en sort jamais. "

Voilà maintenant 3 jours que j’étais revenu dans ma ville natale. Bizarrement alors que je n’aurais pas cru, je me rendis compte qu’elle m’avait manqué. Enfin pas tant la ville en fait, mais le fait d’être là de nouveau, me rendait quelque peu nostalgique de mon enfance. Quand je n’étais encore qu’une enfant innocente qui croyait que tout était bien dans le meilleur des mondes. Alors qu’aujourd’hui…ma vision du monde avait radicalement changé par rapport à il y a 20 ans. Plus noire, plus cynique. J’ai été trop déçue par le passé, surtout avec les hommes. D’ailleurs qu’on ne me lance pas sur le sujet de l’amour car ça risquerait de chauffer. Un sentiment auquel je ne croyais plus. Oh certes ces dernières années j’ai été amoureuse, mais je veux dire, le vrai amour, celui pour lequel on serait prêt à tous les sacrifices du monde, non, vraiment pas. Toute cette histoire d’âme sœur était tout simplement ridicule. Et quand bien même qu’elle existait, avec plus de 6 milliards de personnes sur la planète, quelles étaient les probabilités pour qu’on la rencontre ? Nulles. Bref aujourd’hui là n’était pas le sujet, je n’étais pas rentré à Colebrook pour une histoire de mec, mais pour ma mère. Elle était mourante et malgré tout ce qui s’était passé entre nous par le passé, elle n’en restait pas moins ma mère, alors je ne pouvais pas l’abandonner, même si c’était bien ce qu’elle avait fait elle. Ce qui m’inquiétait le plus – mis à part le décès de ma mère – était la réaction de mon père. Voilà plus de dix ans que je ne l’avais pas vu ni parlé. Autant dire une éternité. Et pourtant les retrouvailles s’étaient plutôt bien passées. A croire que l’état de ma mère lui avait fait prendre conscience de la réelle importance des choses, de la famille. Bon nos rapports étaient encore assez froids, mais j’osais espérer qu’avec le temps cela s’améliorerait, en grande partie pour ma fille Rosa.

Bref alors qu’aujourd’hui était le premier jour de rentrée de ma fille dans son nouveau lycée, j’avais décidé d’aller faire quelques courses, car il fallait bien se nourrir. Ces derniers temps on se contentait de pizzas à emporter, de junkfood, enfin tout ce qu’on pouvait nous livrer quoi. Or je comptais bien revenir à une alimentation plus saine et équilibrée. Malheureusement le fait que j’étais une piètre cuisinière n’aidait pas. Alors que je me trouvais au rayon pâtes me demandant quelle marque choisir je me fis aborder. Et pas par n’importe qui. « Dawn… Ça date. » Une voix que je reconnaitrais parmi mille. Je me figeai en l’entendant. Non cela ne pouvait pas être lui…et pourtant. Je restais quelques secondes dans cette position, faisant comme un blocage, mon paquet de pâte à la main, face aux marchandises. Comme si j’espérais en attendant un peu qu’il disparaisse, que ça ne soit qu’une hallucination. Seulement on était pas dans un rêve, c’était bel et bien la réalité. Je posais le paquet dans mon caddie, et daigna enfin tourner la tête vers l’odieux personnage qui me faisait face. Liam. Qui venait m’accoster comme si de rien n’était. Comme si on n’était pas lié par un lourd passé. Deux connaissances qui se croisent innocemment dans une épicerie. Mais je n’étais pas au bout de mes surprises. « Mais dis moi, aux dernières nouvelles t'étais pas enceinte ?… T'as pris la bonne décision, au moins ? Je veux dire celle d'avorter. » Comment pouvait on se montrer aussi odieux ? Sans cœur ni compassion ? Moi qui pensais venir faire tranquillement mes courses, j’étais à mille lieux de m’imaginer ce qui allait m’attendre. L’éventualité qu’il n’avait pas quitté la ville m’avait effleuré mais j’avais réussi à me convaincre qu’il ne serait pas là. Ou quand bien même, qu’après toutes ces années il aurait changé. Il aurait muri. Serait devenu un homme, responsable et mature. Bah il fallait croire que je m’étais trompé sur toute la ligne. Physiquement il avait changé, il avait pris quelques rides, des cernes sous les yeux, un peu palot, bien qu’il restait quand même un homme séduisant. En revanche côté mentalité… C’était la première fois qu’on se revoyait en presque 16 ans, et les premières paroles qu’il me balançait étaient blessantes. Vraiment il ne pouvait pas démarrer plus fort. Ma première pensée fut de lui mettre mon poing dans la figure. Mais il était trop éloigné pour cela et de toute manière il aurait le dessus physiquement. Et puis je ne souhaitais pas provoquer un esclandre dans le magasin. « T’en fais pas Liam, il n’y a aucune petit Ellsworth qui court dans la nature si c’est ça qui t’inquiète. Quoi que je doute que ça t’es préoccupé, trop égocentrique que tu es » Mes paroles étaient sorties toutes seules de ma bouche, sans vraiment ayant prit le temps de réfléchir. Pourquoi venais-je de lui mentir ? D’autant plus que s’il habitait toujours dans le coin cela ne serait qu’une question de temps avant qu’il ne découvre la vérité. Mais ça avait été plus que fort que moi, surement dictée par mon instinct maternel. Ne voulant pas que Liam ne s’approche ne serait ce que d’un cheveu de ma fille. Qu’il puisse la faire souffrir comme il avait si bien sur le faire avec moi par le passé. Et quelque part encore aujourd’hui.